partie 3

© 1989, Texte et dessins de ces pages :  Laurent  Koechlin. Ce texte date de 1989, il a été publié sous forme de brochure par  Ciel et Espace
 

chapitre 1  à  3.1
chapitre 3.2 à 4.3
Cette page contient les chapitre 5  à  6.2
chapitre  6.3  à  la fin
 

TABLE DES MATIERES
 


5 - LE POLISSAGE

Avant d'entamer la phase finale de la taille de votre miroir, il  faut faire  disparaître toutes traces d'abrasif dans le local. Le  mieux  serait d'ailleurs de changer de local. De toute façon rangez le poste ou au  moins les cales, vis, feutrine et plastiques.

Fabriquez  ensuite  un  polissoir en collant des carrés  de  poix  sur l'outil : c'est eux qui serviront de support au travail du produit à  polir (soit rouge  pour  l'optique  astronomique, soit oxyde  de  zirconium ;  les autres produits étant trop violents).
 

5.1 - LE POLISSOIR

Prévoyez le matériel suivant pour le polissoir :

 - une vieille casserole,
 - 500 grammes de poix,
 - de l'huile de lin,
 - 2 mètres de baguette carrée 1 x 1 cm,
 - une planche d'au moins 20 x 30 cm,
 - du papier en grandes feuilles (minimum 20 x 30 cm),
 - des petits clous, 1 marteau, 1 paire de tenailles,
 - un entonnoir métallique ou un cornet en papier dur,
 - une fine passoire.

Faites  un  moule pour couler 8 bandes de poix de 2 x 16 cm  et  1  cm d'épaisseur en clouant les baguettes sur la planche recouverte d'un papier. N'enfoncez  pas complètement les clous pour pouvoir les retirer  facilement et  entourez préalablement les baguettes avec  du papier, car la poix  colle au bois et se casserait au démoulage.

5.2 LA POIX

La  poix  du commerce est parfois trop dure ou trop molle. Idéalement, elle doit être dure au toucher et ne pas s'écraser sous une pression des doigts, mais l'ongle doit la marquer très profondément en 1 ou 2 secondes de pression

Si elle est trop dure : Faites des essais avec  en fondant dans une casserole à feu très doux 100 g de poix en prélevant Tester des  échantillons après  avoir  ajouté 1, 2, 3 et 4 cuillères à café d'huile de ricin  ou (enlever) de lin.  Quand vous aurez trouvé le bon dosage, chauffez Toute la poix avec la quantité nécessaire d'huile et mélangez bien. Versez dans le moule en vous servant de la passoire et de l'entonnoir tenus avec une pince.  (à la ligne)

 Si la poix est trop  molle, faites la chauffer 1/4 d'heure à feu très doux et testez... Continuez a chauffer en testant tous les 1/4 h.jusqu'à ce que la poix soit de la bonne dureté.

Laisser refroidir 10 mn les échantillons (du volume d'une noix). avant d'en tester la dureté. La dureté de la poix est très sensible à la température : Il est impossible de polir en dehors de la fourchette 19 - 25 ºC.
Si vous avez le courage de prendre entre vos dents un échantillon de poix (refroidi) et de le mastiquer,et si vous avez réussi à ce qu'il ne se casse pas, sachez que de la poix  de la bonne dureté pour polir à 20 ºC deviendra de la consistance du chewing gum a 37 ºC. Mais attention, à la différence du chewing-gum, ça colle aux dents ! Et ça tient ! Vous pouvez faire le coup à vos amis en leur faisant croire que les carrés de poix sont des caramels, c'est très efficace pour leur clouer le bec.

Si vous n'avez pas d'entonnoir métallique, faites-en un en papier mais surtout  n'en prenez pas en plastique : c'est une matière  capricieuse  qui fond  quand  il  ne  faut pas, et qui  peut  vous  réserver  des  surprises désagréables  du genre de l'entonnoir déliquescent ou du plastique sur le moule qui reste obstinément rigide.

Démoulez les bandes après quelques heures de refroidissement  et  coupez-les  en  carrés  de 2 x 2 cm avec  un  couteau  chaud  dont  vous essuierez la lame de temps en temps.

Repérez les endroits à couper  par  des marques à l'ongle tous les 2 centimètres sur  les  bandes. Indiquez  l'emplacement où coller les carrés par un quadrillage  au  crayon sur la face doucie de l'outil.

Tiédir  l'outil  dans de l'eau à 30 ºC durant dix minutes, car  la  poix adhère  mal au verre puis collez les carrés en faisant fondre une de  leurs faces à la flamme d'une bougie.

Les  carrés possèdent à présent des hauteurs diverses et doivent  être nivelés à la courbure du miroir par des pressages.  Mettez  le miroir  sur le poste, recouvrez-le d'une feuille de papier calque et  posez le polissoir dessus. Ajoutez sur l'outil 10 à 15 kg de lest. 1/4 heure  après en moyenne, les carrés se sont un peu affaissés et font tous une  marque bien nette sur le calque. Contrôler toutes les 2  mn qu'ils ne se touchent pas entre eux, laissez au minimum 2 mm de séparation. Dès qu'il y a moins arrêtez le pressage et rectifiez.

Polissoir aprDès pressage :

S'ils ne sont pas nivelés après deux heures de pressage, c'est que la poix est trop  dure  et il faut refaire le  polissoir.  Quand  vous  êtes satisfait du pressage, enlevez  le calque et tenez-vous prêt pour le polissage.
 

5.3 - SCEANCES DE POLISSAGE

Matériel nécessaire pour le polissage :
 - une cuvette neuve,
 - une éponge neuve,
 des chiffons propres et non pelucheux (vieux drap),
 du "rouge" pour l'optique astronomique (oxyde de fer obtenu  en calcinant  de  l'oxalate  ferreux),  ou  du  blanc   (oxyde   de  Zirconium). N'utilisez pas d'autres produits à polir : ils sont tous trop violents ou pas assez purs,
 - un pinceau.

Le  "blanc" et le "rouge" s'utilisent à peu près de la même façon.  Je vais  décrire la conduite générale du polissage au "blanc" et  j'indiquerai les  particularités des deux produits aux quelques étapes où  les  méthodes divergent.
Si vous avez commencé le polissage avec l'un des deux produits, n'en changez pas en cours de route. Le polissage n'est pas qu'une simple action mécanique ; des réactions chimiques complexes  entre le verre et le produit de polissage jouent un rôle important. Il se forme un effet de "peau" où le verre est plus résistant à l'usure en surface. Si l'on change de produit à polir, l'usure de cette "peau" se fait de manière très irrégulière avec pour conséquence des heures de travail supplémentaires pour ré égaliser la surface.

Le  polissage  est  de  loin la phase la  plus  délicate  et  la  plus intéressante  de la taille d'un miroir, c'est là qu'on voit apparaître  les résultats  du  travail  quelque  peu ingrat qui a  précédé.  Il  est  assez exaltant  de  penser que le mouvement de vos mains façonne une  surface  de verre  déjà précise à quelques dix-millièmes de millimètres près et qui  le sera  bientôt  cent fois plus : supérieure à 1/10 000 000  du  diamètre  du miroir.

Évidemment  la  moindre  flexion du disque  pendant  le  polissage  se répercute sur la surface par une déformation qui n'est plus négligeable  et provoque  un défaut inverse à la fin du travail. Il faut donc mettre deux épaisseurs de feutrine bien tendue sous le plastique  du  poste, là où reposera le miroir.

On  dit  aussi que la chaleur venant du disque par  le  frottement  du polissoir  ou  par le contact des mains dilate dans  des  proportions  très faibles certaines zones qui se trouveront plus usées que les autres.  C'est parfaitement  vrai : le meilleur moyen de se protéger contre  ces  défauts, c'est de les rendre aléatoires (ce qui se fait automatiquement à  condition de ne pas y penser)  et en même temps faibles, en polissant trois ou  quatre heures  d'affilées, ce qui laisse le temps à la chaleur de se répartir. La température  du local, pendant toute la phase de polissage, ne doit  jamais descendre en-dessous des 18ºC.

Pour ceux qui ont les moyens de payer 500 a 1000 F de plus leur disque miroir, je conseille d'utiliser du Zerodur : un verre à coefficient de dilatation nul. Il est un peu plus long à travailler mais donne plus de facilité pour obtenir un bonne surface au polissage car il n'y a pas de dilatations parasites.

On n'a pas de déformations pendant le travail de polissage et on peut tester sa surface presque immédiatement après les retouches au lieu d'avoir à attendre 24 h entre chaque retouche !  De plus, quand le miroir sera en service dans le télescope, il gardera un forme constante (et parfaite si vous l'avez réussi...) quelles que soient les variations de température, alors que les miroirs classiques se déforment par dilatation et donnent parfois de mauvaises images.

Vérifiez que le poste est bien lesté (50 kg au minimum)  car vous allez  exercer des forces importantes en  fin de  séchée.  Pour mieux éviter la poussière  et  les abrasifs, retroussez vos manches, enfilez une blouse, changez d'habits,  ou mieux mettez-vous torse nu, pendant le polissage.

Quand  tout  est prêt, versez deux cuillères à café de blanc  (ou de rouge) dans  un quart  de  verre  d'eau  et  mélangez. Placez le miroir sur le poste, badigeonnez la surface d'une bonne couche de ce mélange  et  posez délicatement le polissoir dessus. Ne touchez plus à  rien  une  fois  le contact  établi... Non, ce n'est pas encore le début du polissage, mais  la dernière  opération préliminaire : le pressage au blanc (ou rouge). Laissez presser  5 mn  avec   un poids de 2 à 5 kg sur le polissoir.

Ne séparez pas les disques après le pressage : décalez-les de quelques centimètres, rajoutez un mélange de blanc  et d'eau par deux ou trois traits de  pinceau  sur  le miroir et commencez  la  première  séchée  du polissage par des courses normales assez lentes. Pendant tout le  polissage vous  utiliserez  ces courses "normales".

Au début, l'adhérence est mauvaise, c'est-à-dire que la résistance est irrégulière  et  le  polissoir  avance par à-coups. Après  2  à  5  mn,  la résistance, guère plus régulière est devenue assez forte. Il faut passer  à la  séchée suivante. Sans séparer les disques, donnez deux ou trois  traits de  pinceau  du mélange blanc  et eau, répartissez le produit  à  polir  par quelques  courses  lentes et les disques glisseront de  nouveau  facilement l'un sur l'autre. Une séchée dure quatre minutes en moyenne.

Après  une  heure de travail SANS INTERRUPTION, l'adhérence  devient bonne : la résistance est régulière et proportionnelle à la  vitesse  des courses. Vous pouvez alors :

 - diminuer la quantité de mélange eau et blanc  pour une séchée,
 - diminuer la proportion de blanc  par rapport à la quantité d'eau,
 - pousser les séchées un peu plus longtemps,
 - augmenter progressivement la vitesse des courses à 1 ou 1,5 aller et retour par seconde.

Vous  avez  atteint  "le régime de croisière du  polissage".  Si  l'on pousse  les séchées trop loin, on entend des sifflements aigus qui sont  le signe  d'un  polissage efficace et la résistance devient  forte.  Attention avec le blanc, il vaut mieux ne pas trop faire durer les séchées  car  son action augmente tellement qu'elle devient ravageuse et irrégulière.

Les résultats de la première heure de travail sont surprenants  :  le miroir semble  déjà presque poli, mais quand on examine  le  reflet  d'une fenêtre, les contrastes sont noyés dans le "gris". Cela est dû aux  piqûres d'émeri  encore très nombreuses (plus de 10 000 par millimètre carré).  Ce gris est plus important vers le centre qu'aux bords car vous avez travaillé miroir dessous et ce sont les bords qui ont été les plus polis.

Pour établir une avance uniforme du polissage, inversez les  positions du  miroir  et du polissoir toutes les heures, tournez-le tous  les  quarts d'heure en position miroir dessus d'un peu plus de 90 degrés pour  éliminer les défauts dus aux flexions résiduelles. Voici approximativement le  temps nécessaire à un débutant pour polir un miroir correctement douci :

 Diamètre du miroir avec  du blanc avec  du rouge
 160 mm 7 à 10 heures
 210 mm 10 à 15 heures

Travaillez  de  préférence par séances de 2 à 3 heures,  mais.  jamais moins d'une heure : plus vous polirez longtemps sans interruption, plus  le polissage  sera  efficace  et meilleure sera la forme du  miroir.  Je  vous conseille  de vous mettre à deux ou trois pour ce travail : ce  sera  d'une part  moins fatigant et d'autre part, la répartition des courses sera  bien meilleure.
 

5.4 - RETAILLAGE DES CARRES DE POIX

Outils nécessaires :
 - un marteau,
 - un réglet de 25 cm au moins,
 - une pièce de métal limée en biseau (fig. 2)  ou un ciseau à bois de plus de 2 cm de large.

Au  cours du polissage les carrés de poix s'affaissent  et  s'étalent. S'ils venaient à se toucher le blanc  ne se répartirait plus et  l'adhérence serait très difficile à obtenir. On doit donc  les retailler toutes les deux ou  trois heures selon la dureté de la poix (celle-ci est trop molle  s'ils s'affaissent  en  une  heure  ou moins ; trop dure s'il  ne  faut  pas  les retailler après 3 heures).

Pour tailler les carrés, posez  le réglet sur une rangée de carrés, à l'aplomb de la marque  de quadrillage  sur l'outil qui a servi à placer ceux-ci (au bout de  quelques heures  de travail, le blanc  masque ce quadrillage). Coupez ce qui  dépasse en  frappant un ou deux petits coups secs sur le ciseau. Prenez garde à  ce que  des éclats de poix ne viennent se coller sur vos habits et vos  mains. Pour  les  enlever, utilisez du white spirit. Pour dégager  les  éclats  de poix, incliner le miroir et passez délicatement la lame d'un tournevis dans la rainure. N'attendez pas car la poix se recolle.

Quand le polissoir vient d'être fait, les carrés sont épais et s'étalent  rapidement : il faut retailler souvent. Après quelques heures de polissage et quelques retailles, les carrés se sont amincis à 2 ou 3 mm  et s'étalent moins vite : on peut travailler plus longtemps d'affilée. Quand les carrés atteignent 1,5 mm d'épaisseur ou moins, il faut refaire le polissoir.
 

5.5 - QUELQUES RÈGLES A RESPECTER

a)  L'efficacité du polissage augmente si :

- les courses sont plus rapides,
- les séchées sont poussées plus longtemps,
- l'on réduit la proportion de blanc  par rapport à l'eau. Pour obtenir ce  résultat, plongez d'abord votre pinceau dans le mélange  normal,   puis  trempez-le  plus ou moins dans un verre d'eau  pure.  Mais  ne  dépassez pas la limite où le travail deviendrait irrégulier.

b) Indiquez  toutes vos remarques sur votre carnet, cela vous servira  pour  les séances suivantes.

c) Méfiez-vous  :  le mélange d'eau et de rouge à polir colore tout et résiste remarquablement au lavage (c'est de l'oxyde de fer). Le blanc (oxyde de zirconium) est beaucoup moins salissant. N'utilisez surtout pas le rose à polir (oxyde de cérium) pour le polissage des miroirs de qualité : c'est un produit efficace pour le polissage rapide des pièces dont l'état de surface n'a pas besoin d'être très bon. De plus le rose à polir contient des traces de thorium et j'ai effectivement constaté qu'il était radio-actif.

d) A  la fin d'une séance de polissage, rincez le miroir  et  enveloppez-le  dans un torchon. Passez un coup d'éponge sur le polissoir et  rangez-le  sur le dos dans un sac en plastique fermé. Ne posez rien dessus car la poix en garderait la trace.

Quand vous reprenez le travail après une interruption de plusieurs heures ou plusieurs jours, faites un pressage au blanc ou au rouge de 5 mn pour remettre l'outil en forme. Un polissoir non utilisé depuis plus de 3 ou 4 semaines est en général à refaire. Si vous avez la place, et la certitude que personne ne posera jamais rien dessus, vous pouvez essayer de conserver un polissoir plusieurs semaines au réfrigérateur, pour ralentir l'affaissement naturel de la poix...  Technique à n'utiliser, bien sur, qu'en cas de stockage de longue durée car il faut attendre un douzaine d'heures que le polissoir se remette à la température ambiante avant de travailler.
 

5.6 - DIFFICULTÉS AU POLISSAGE

a) l'adhérence  est mauvaise : augmentez la concentration de blanc. Si les difficultés persistent et que les carrés ne sont  pas couverts  uniformément de blanc mais rayés ou marbrés, c'est que la poix est  trop  dure. Avant de vous résigner à refaire le polissoir, essayez d'augmenter la température de la pièce où vous travaillez, ce qui ramollira la poix.

b) séchées trop courtes : mettez plus de blanc et d'eau. S'ils coulent  sur les bords dès le début de la séchée et que les difficultés  persistent,    abaissez la température ou augmentez l'humidité ambiante.

c)  séchées trop longues : laissez durer, c'est tout bon.

d)  la poix s'affaisse trop vite : refaites le polissoir avec de la poix plus dure.

e) le gris est très inégal entre différentes zones du miroir et cela persiste après  10 h de polissage : la forme est mauvaise et il faut reprendre le doucissage au 20 mn ou W3.

Au cours des heures de polissage, le gris s'en va petit à petit.  Pour mieux  contrôler  son évolution, observez-le au voisinage de  l'image  d'un filament de lampe (fig. 6). A partir de 8 heures de polissage avec  du blanc  ou  de 12 heures avec  du rouge, ralentissez la cadence des courses à  moins de  un  aller  et retour par seconde et arrêtez les séchées  avant  que  la résistance  ne  devienne forte. Continuez ainsi jusqu'à la  disparition  du gris.

Votre  miroir tel qu'il est là peut, à la  rigueur, se passer  de contrôle et de parabolisation mais vous n'avez guère de chances qu'il donne de  meilleurs résultats qu'une petite lunette du commerce. Il faut donc un moyen de déceler ses défauts, de les corriger et enfin de paraboliser.

A la fin du polissage, votre miroir a l'air parfait mais  que  savez-vous de la qualité de sa surface ? Rien. Or, c'est d'elle que vont dépendre les  performances  de  votre télescope. Un polissage bien  conduit  par  un débutant  engendre normalement une surface sphérique avec  une précision  de l'ordre du micron (1 millième de millimètre), mais c'est insuffisant. Il va vous falloir corriger les défauts, modifier légèrement la forme ("paraboliser") et enfin réduire les écarts résiduels à moins  d'un vingtième de micron. A  ce stade, une augmentation supplémentaire de la précision n'a  plus d'influence sur la qualité de l'image observée (diffraction).
 
 

6 - LE FOUCAULTAGE

Pour  pouvoir les corriger, il faut déceler et mesurer les défauts  de la  surface du miroir. La plus simple et pratiquement la plus sensible  des méthodes de contrôle : la méthode de Foucault, fait apparaître en relief et amplifie  un  million de fois les écarts qu'il y a entre une sphère  et  la surface à tester.
 

6.1 - PRINCIPE DE LA MESURE AVEC L'APPAREIL DE FOUCAULT

On place une source lumineuse ponctuelle à une distance suffisante  du miroir pour que la lumière réfléchie revienne converger presque à son point de  départ.  On met l'oeil dans le prolongement du faisceau, tout  près  du foyer (zone de convergence). Imaginez maintenant deux cas :

Premier cas : la surface est parfaitement sphérique

Elle renvoie toute la lumière dans une tache minuscule :  le foyer,  qui serait infiniment fine s'il n'y avait pas la diffraction. Chaque point de cette tache reçoit de la lumière de toutes les parties du miroir. On  coupe le faisceau au niveau du foyer avec le bord d'un  écran appelé  "couteau".

En a) : le  couteau n'a pas entamé le faisceau, le  miroir  parait entièrement brillant.
En b) : le  content  est arrivé au milieu de la tache de diffraction, la moitié de la lumière passe, le miroir est uniformément gris.
En c)  : toute la lumière est arrêtée, le miroir est obscur.
 

Deuxième cas : la surface a des défauts

Toute  la lumière ne converge plus au même point. Sans changer  aucune distance,  faisons repasser le couteau par les positions précédentes.


En a)  : toute la lumière passe.
En b) : le couteau est au point où convergeaient les rayons de la sphère  : il  arrête les rayons passant trop à droite, envoyés par des  zones du  miroir inclinées  dans le sens A par rapport aux régions correspondantes de la sphère (hachurées sur la figure). Celles-ci paraîtront obscures. Une zone correctement orientée sera grise  et une zone inclinée dans le sens inverse sera plus  brillante, d'où l'impression de relief : un éclairage rasant donnerait la même impression.


 
 

6.2 - QUELS SONT LES PLUS PETITS DÉFAUTS DÉCELABLES ?

Un appareil de Foucault, bricolé par un amateur, permet de  distinguer des  écarts  angulaires de 1/600 000 sur le miroir,  soit une différence d'épaisseur de 30/600 000 de mm dans une zone de 30 mm de large 30/600  000 mm  cela fait 1/200 de micron ou encore l /100. Peut-être que ces  chiffres ne vous disent pas (encore)  grand chose. Ils correspondent à une couche d'une épaisseur de 10 molécules de verre seulement.

Dans la légende, sous la figure ci-dessus, vous avez lu "sphère de référence". En  effet,  imaginez que l'on rapproche ou éloigne le couteau  le  long  du faisceau,  sa  position correspondra au foyer d'une sphère  plus  ou  moins concave  que  précédemment, et les écarts d'orientation  du  miroir  seront rapportés à celle-ci . Ainsi, une sphère apparaîtra en bosse ou  en creux, selon que l'on coupe le faisceau, avant ou après le foyer.


 

a)


 
 
 
 

Chapitres précédents :
Chapitre 1  à  3.1
chapitre 3.2  à  4.3

Chapitres 3suivants :
chapitre  6.3  à  la fin