RALLYE PHEBUS 2001
Le rallye de l'an 1
Deux cent kilomètres entre Odeillo et Toulouse.
Un assortiment de montagne et de collines pimenté
de soleil.
Ce rallye de véhicules à énergie solaire a permis de comparer et mettre en compétition et différentes technologies. Le parcours de quatre jours fut entièrement solaire: soit avec des panneaux embarqués, soit l'électricité de panneaux solaires fixes reliés au réseau EdF pour la recharge des batteries.
Les financements du Centre National de la Recherche Scientifique et
de la Cité de l'Espace d'une part, et le travail de nombreux bénévoles
de l'ENSEEIHT et Phébus Ariège d'autre part, ont permis comme
l'an dernier, que cette manifestation voie le jour.
Les équipes en lice ont toutes réussi les tests de sécurité: maniabilité, fiabilité, et surtout freinage. En tant que contrôleurs de course, les élèves de l'ENSEEIHT, armés de décamètres et chronomètres, n'ont pas laissé passer d'irrégularité.
Les véhicules au départ étaient:
Helios (sunracer Lille)
Solelhada (sunracer Toulouse)
Electron (Kart solaire Barcelone)
Clio Cévélec (voiture électrique Grenoble)
trois vélos électriques Swiss Flier en deux équipes
cinq vélos électriques Selectric en deux équipes
Pour tous les trajets du rallye, chaque véhicule concurrent était suivi d'une voiture de contrôle et de signalisation. Tous les kilométrages ont été notés, les problèmes techniques répertoriés, les consommations électriques mesurées.
En début d'après-midi, nous nous sommes rassemblés au lycée climatique, point haut de la ville de Font Romeu pour le départ du prologue. La traversée de Font-Romeu puis d'Odeillo s'est faite sous un ciel menaçant et une pluie d'orage nous a accueillis à l'arrivée au grand four solaire. Heureusement, nous avons pu suivre bien à l'abri la conférence sur la centrale Thémis. Cette conférence relatait l'échec d'EdF dans la construction d'une filière électrothermique solaire. Le site est maintenant dédié à l'astrophysique. Il ne faut pas confondre Thémis avec le four solaire d'Odeillo, qui fonctionne bien. Il est impliqué dans des programmes de pointe (NASA, Fullerenes) où la chaleur ultra pure du soleil est irremplaçable.
Le ciel s'est dégagé peu après. Le soleil était alors assez bas et au nord pour qu'un reflet direct soit focalisé vers le sol par une partie du gigantesque miroir parabolique vertical. En se plaçant sur la zone brillamment éclairée au sol, la chaleur était juste supportable, nos habits mouillés se mirent rapidement à fumer et une odeur de fer à repasser se répandit. Nous fumes séchés en un rien de temps.
Avis aux téméraires qui voudraient tenter l'expérience: le phénomène ne se produit que près du solstice d'été au coucher du soleil. Il est impératif, sous peine lésions oculaires, de toujours tourner le dos au miroir quand on est dans la zone éclairée.
J'ignore si les ingénieurs qui ont conçu le four solaire
d'Odeillo avaient prévu cette application. Le grand miroir parabolique
est alors directement éclairé par le soleil, sans passer
par le champ de miroirs plans. Il ne s'agit pas d'un foyer mais d'une caustique
au sens optique du terme. Heureusement car lorsque, en fonctionnement nominal
les rayons du soleil sont rassemblés dans le foyer à 15 m
du sol, la température y atteint 3000 degrés et une puissance
de milliers de kilowatts volatilise tout ce qui ne résiste pas aux
chaleurs extrêmes.
liaison par camion entre Puyvalador et le Col du Portel, puis
0 601
Col du Portel (via Puivert) D 117
22.5 493
Bélesta D 117+D 10
30.5 500
Lavelanet D 10
38 560
Embranchement : D 1 vers Lieurac
42.5 360
Lieurac D 12 vers Dun
48.5 340
Dun
Arrivés à Puyvalador nous avons fait une pause déjeuner
et une recharge des véhicules qui en avaient besoin (Clio et vélos).
L'accueil a été très sympathique: pot offert par la
station de ski.
La suite fut une étape de liaison dans des gorges où
la circulation est rapide et dangereuse. Les sunracers et vélos
ont été chargés dans des camions, seule la Clio a
repris la route en autonome. Les jeunes pilotes de la Clio s'en sont donnés
à coeur joie sur cette route. Ce n'était pas Taxi II heureusement,
mais la mécanique de la voiture a du subir quelques contraintes
car une roue a cassé dans un virage en arrivant à Dun. Rien
de grave, sauf que la Clio a été neutralisée pour
le reste du rallye.
La deuxième partie de cette étape, entre le col du Portel
et Dun, était encore dans la montagne, mais déjà moins
escarpée. Les vallées s'élargissaient. Le parcours
était toujours aussi sélectif.
Cette longue étape de collines fut encore inondée de soleil. Pour l'accueil à Mazères nous eûmes droit à une réception bien arrosée de punch offerte par la municipalité, suivie de repas copieux dans un resto sur la place. Heureusement que le départ du deuxième tronçon n'était pas avant plusieurs heures.
En milieu d'après-midi, l'un des sunracers tomba en panne, et
la réparation aurait été rapide si ce n'est un petit
problème de compatibilité entre le port série d'un
ordinateur portable et le véhicule. Hélas, Microsoft sévit
même dans les prototypes solaires, et pour démarrer le moteur
il manquait des "drivers". Après deux heures d'essais infructueux
ce n'est pas un garagiste qui nous a dépannés, mais la secrétaire
de mairie d'Aureville avec le PC qu'elle nous a prêté. J'espère
que cela aura servi de leçon à cette équipe: on peut
tout faire avec l'informatique, mais une des clefs de la robustesse c'est
savoir rester libre.
Dur retour en ville, avec routes encombrées et feux rouges. Ariane nous attendait à la cité de l'espace, ainsi que podium, spectateurs, animateurs et commentateurs.
Nous avons établi un classement basé sur la fiabilité, l'économie d'énergie et le freinage. C'est le petit kart solaire catalan qui a gagné, car il a fait tout le parcours presque sans faille. Dans la catégorie "vélos", ce sont les Swiss Fliers qui se sont révélés les plus performants.
Parmi différents prix, les médailles en bronze massif données aux gagnants avaient été fondues et coulées dans le "petit" four solaire de Mont Louis. 47 mètres carrés de surface collectrice quand même !
Contrairement à l'an passé, nous n'avons pas rencontré de situation extrêmes (inondations), et n'avons pas d'anecdotes effrayantes à raconter, mais n'est-ce pas justement la preuve que tout s'est bien déroulé?
Ne vous méprenez pas sur l'ambiance ensoleillée et primesautière. Ce rallye fut particulièrement dense, éprouvant même pour beaucoup d'entre nous. Mais quelle magie ! C'est avec de telles expériences que l'on progresse, sur tous les plans, technologique autant que personnel.