La rotation et la géométrie sphérique sont des contraintes quasi
omniprésentes dans la dynamique des fluides astrophysiques et
géophysiques. Le problème majeur que l'on rencontre lorsqu'on traite
des questions où ces deux facteurs sont présents est d'ordre
mathématique: la rotation impose aux écoulements une géométrie
cylindrique qui ne fait pas bon ménage avec la géométrie des
frontières. Ce point est particulièrement évident lorsqu'on
considère le problème des oscillations
d'un fluide parfait (viscosité nulle) compris
entre deux sphères en rotation. Linéarisé, ce problème conduit
à une équation hyperbolique pour les perturbations de pression
(équation de Poincaré) avec des conditions aux limites dites aux
dérivées obliques. Mathématiquement le problème est mal posé
et l'on commence seulement à comprendre la forme des solutions (voir
ci-dessous). Pour contourner cette
difficulté, j'ai rétabli la présence de la viscosité ce qui
repose correctement le problème mais au prix d'un alourdissement
dans l'ordre des dérivées partielles. Cette complication se trouve
cependant levée lorsqu'on utilise les harmoniques sphériques car ce
sont des fonctions propres de l'opérateur de viscosité. C'est donc
en utilisant cette base de fonctions que j'ai pu donner une solution
formelle à ce problème [1][2][3].
Ces solutions formelles m'ont permis de calibrer les résultats de calculs numériques obtenus en collaboration avec L. Valdettaro de l'institut polytechnique de Milan et V. Fraysse et collaborateurs au CERFACS (Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique - Toulouse). En particulier nous avons mis au point une technique très performante de calcul des valeurs propres de grandes matrices, technique basée sur l'algorithme d'Arnoldi-Tchebychev [16].
Les résultats de ces calculs numériques nous ont permis de
comprendre la structure des modes propres d'oscillation d'un fluide en
rotation (les modes inertiels) et de montrer le rôle essentiel joué
par les caractéristiques associées à la forme hyperbolique des
équations [13][18]. En collaboration avec B. Georgeot (IRSAMC, laboratoire de
physique quantique), j'ai pu donner la solution asymptotique (pour les
petites viscosités) de ce vieux problème. Ces travaux ont été étendus au cas
des fluides stratifiés en rotation par B. Dintrans et nous ont permis
(avec L. Valdettaro) de remporter le premier prix Cray italien (1998).