Binaires spectroscopiques
1. Présentation générale
En collaboration avec Jean-Michel Carquillat et Nicole Ginestet,
j'ai étudié un grand nombre de binaires spectroscopiques.
Ces
objets sont des systèmes binaires découverts comme tels
grâce
à la spectroscopie. En effet la présence d'un compagnon
orbitant
autour d'une étoile cause une
variation périodique
de sa
vitesse radiale (composante de sa vitesse perpendiculaire au
plan du ciel)
, que l'on peut détecter en spectroscopie. Ces variations sont
d'autant
plus importantes que les composantes sont massives et proches l'une de
l'autre, et que le plan de l'orbite est incliné par rapport au
plan
du ciel.
A partir des mesures des vitesses radiales des deux composantes (BS2),
ou d'une seule, lorsque la seconde n'est pas détectée
(BS1), il est possible d'en déduire les paramètres
orbitaux du système et des contraintes sur les masses. Dans
cette détermination, il reste un paramètre inconnu:
l'inclinaison du plan de l'orbite. Dans le cas particulier où
l'on peut mesurer cette inclinaison de façon indépendante
(cas où le système est aussi une binaire visuelle ou
à éclipses), on peut accéder à la valeur des masses individuelles avec
une grande précision.
C'est d'ailleurs l'augmentation de la précision des mesures de vitesses radiales qui a permis la détection des premières exo-planètes, en utilisant ce même principe. L'équipe ``Binaires spectroscopiques'' de l'Observatoire Midi-Pyrénées a un long passé, avec de nombreuses observations, d'abord avec des spectres enregistrés sur des plaques photographiques, puis avec le spectrographe CORAVEL du télescope suisse de 1 m de l'OHP, qui intègre la corrélation entre le spectre des étoiles et un masque (Figure 1) permettant ainsi une mesure directe de leurs vitesses radiales. Cette équipe se réduit au fil des ans par des départs à la retraite, et sauf recrutement imprévu (et improbable), ce thème de recherche devrait disparaître de l'OMP dans quelques années.
Afin de publier toutes
ces observations, qui représentent un effort collectif
très
important, je travaille avec cette équipe depuis quelques
années,
en révisant certains programmes de calculs d'orbites ou en
écrivant
de nouveaux, pour faciliter le traitement des données et la
préparation
des articles.
Pour plus de détails, consultez les documents suivantes:
Courbes des orbites obtenues et résidus correspondants
Publications auxquelles j'ai participé
2. Exemples de traitement: cas du système triple HD 71119
Fig. 1. Exemple de trace de corrélation obtenue pour HD 71119
avec le CORAVEL de l'OHP. Deux composantes A et B de la binaire sont
détectées ici. Le pic le plus profond (à gauche)
correspond à la primaire A, et celui de droite à la
secondaire B. Deux courbes de Gauss sont ensuite ajustées
à ces pics: la position du centre correspond à la valeur
des vitesses radiales des deux composantes à cet instant (ici
-33 km/s pour la primaire et +22 km/s pour la secondaire).
Fig.2. HD 71119: après ajustement des vitesses radiales des deux
composantes (cercles noirs pour la primaire A , cercles blancs pour la
secondaire B) avec un premier modèle à deux corps, les
résidus montrent des oscillations. Elles trahissent la
présence d'un 3ème corps C, qui tourne autour de A et B,
sur une orbite à plus longue période. Un modèle
à 3 corps est donc nécessaire pour rendre compte des
observations de cet objet.
Fig. 3. Modèle orbital (hiérarchique à trois
corps) ajusté aux courbes des vitesses radiales des deux
composantes A et B de HD 71119.
Fig. 4. HD 71119: modèle orbital (hiérarchique à
trois corps) ajusté aux résidus de la vitesse du
système interne formé par A et B.